Le développement réussi des secteurs du tourisme et de l’économie de la culture en Tunisie dépendra d’une planification soignée, d’une collaboration entre les parties prenantes, et d’un engagement à préserver et promouvoir la riche culture de la Tunisie tout en offrant des expériences mémorables aux visiteurs.
La Tunisie, pays au riche passé historique et culturel, est depuis longtemps une destination prisée des voyageurs en quête d’authenticité, d’histoire et de découvertes culturelles. Les ruines antiques, les médinas pittoresques, les festivals artistiques vibrants et les métiers traditionnels artisanaux ont fait de ce pays méditerranéen une terre d’enchantement pour les visiteurs du monde entier. Cependant, ces trésors culturels ont plus à offrir que de simples souvenirs de voyage. Ils jouent un rôle essentiel dans le développement économique de la Tunisie. L’interaction dynamique entre le secteur du tourisme et l’économie de la culture est devenue un moteur de croissance, créant des opportunités pour les différents acteurs concernés. Partant de ce constat et conscient de la profonde complémentarité entre le tourisme et l’économie de la culture en Tunisie, le Forum de l’Académie Politique (Foap), en partenariat avec la Konrad Adenauer Stiftung (KAS), vient d’organiser une demi-journée d’étude sur le thème : « Tourisme et économie de la culture : secteurs à développer ».
Se nourrir mutuellement
Un événement qui a été marqué par la présence de Afif Kchouk, président de l’Observatoire du tourisme, Ahmed Smaoui, ancien ministre du tourisme et Mohamed-El Aziz Ben Achour, historien et ancien directeur de l’Institut supérieur d’histoire de la Tunisie contemporaine.
La rencontre était aussi une occasion pour discuter comment ces deux secteurs se nourrissent mutuellement, contribuant à la vitalité de l’économie tunisienne tout en préservant et en promouvant le patrimoine culturel exceptionnel du pays.
En revenant sur l’évolution et l’importance de ce secteur, l’ancien ministre du Tourisme, Ahmed Smaoui, n’a pas manqué de rappeler que, depuis un demi-siècle, la Tunisie a démarré cette aventure du tourisme et qu’aujourd’hui, on a réussi à faire de notre pays une destination incontournable de la Méditerranée. À l’époque, cela répondait à une demande internationale accrue depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale, qui correspondait à un regain d’activité en Europe. Et depuis, le tourisme a pris différentes formes dont l’une des plus importantes est la mer, la plage et le soleil.
« Certes, la Tunisie avait de gros atouts, et elle a su les mettre en valeur pour créer une grande activité qui a fini par s’imposer pour avoir une place importante dans les équilibres de notre pays. Donc, les atouts pour développer davantage ce secteur ne manquent pas : la proximité de l’Europe, la variété des paysages, 1.200 kilomètres de côtes, une population tolérante, accueillante, cultivée… Nous avons su mettre en avant tous ces atouts pour réaliser des performances intéressantes et nous essayons toujours de diversifier, d’élargir et d’offrir de nouveaux produits dont le tourisme culturel », a-t-il souligné.
Le passage de la ressource au produit
Sur ce dernier point, Smaoui a affirmé que la culture, c’est la vie. Dans un sens plus descriptif, le tourisme culturel peut être serré autour de certains pôles importants, à l’instar de la découverte des sites archéologiques dans les quatre coins du pays, des médinas et des villages traditionnels, les sites naturels…
« Par leur authenticité, ce sont tous un élément fondamental de notre produit. Des études internationales ont montré que la culture est une motivation importante dans le choix d’une destination de vacances. Quels que soient les motifs du voyage, le volet historique est toujours pris en compte, en justification et en motivation du choix. C’est face à cette nouvelle réalité qui s’impose que l’émergence et la croissance du tourisme culturel en Tunisie sont à discuter. Il est temps de lui accorder l’intérêt et le mérite nécessaires. Mais le passage de la ressource au produit reste une démarche compliquée, qui exige beaucoup de lucidité et de clarté dans la vision et dans la perspective. Elle exige également beaucoup d’argent et une infrastructure convenable (moyens d’accès, des aéroports, des circuits, des routes, de la formation…, pour pouvoir passer d’une ressource brute à un produit touristique », a-t-il encore accentué.
Pour sa part, Afif Kchouk a assuré que l’élément le plus important est que la Tunisie dispose d’atouts historiques et géographiques qui font que le tourisme est, en quelque sorte, toujours en sécurité.
D’après lui, le tourisme est une industrie très lourde. C’est en fait l’industrie de la paix. Et aujourd’hui, l’économie de la culture est en train d’évoluer et de prendre un nouvel élan et une nouvelle démarche.
« Le tourisme de masse existera pour toujours, mais c’est le modèle économique qui a changé et le tourisme de demain va être complètement différent de celui pratiqué actuellement. Mais, de l’autre côté, le tourisme balnéaire ne va pas mourir tout simplement parce que ce sont des vacances physiques et l’homme a toujours besoin de se reposer physiquement », a-t-il souligné.
L’intelligence artificielle au service du tourisme
Sur un autre plan, il a affirmé que le plus grand concurrent de l’économie du tourisme culturel, c’est l’intelligence artificielle avec toutes les nouvelles technologies développées partout dans le monde. L’IA permet de personnaliser les expériences touristiques en fonction des préférences individuelles des voyageurs. Elle peut recommander des activités culturelles en fonction des intérêts spécifiques de chaque visiteur, ce qui peut concurrencer les offres culturelles traditionnelles.
Il y a aussi les chatbots et les assistants vocaux alimentés par l’IA qui peuvent servir de guides virtuels aux touristes et qui peuvent fournir des informations historiques, artistiques et culturelles tout en offrant une expérience interactive. L’IA permet de personnaliser les expériences touristiques en fonction des préférences individuelles des voyageurs. Elle peut recommander des activités culturelles en fonction des intérêts spécifiques de chaque visiteur, ce qui peut concurrencer les offres culturelles traditionnelles. Ils peuvent aussi servir de guides virtuels aux touristes tout en fournissant des informations historiques, artistiques et culturelles tout en offrant une expérience interactive.
Cependant, il est important de noter que l’IA ne remplace pas nécessairement l’authenticité des expériences culturelles en personne. De nombreuses personnes recherchent toujours des interactions humaines et des expériences tangibles lors de leurs voyages culturels.